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théâtre avec de riches tapis sur quelques tréteaux, des étoffes pour cadre et des feuillages naturels pour coulisses.

Quand on eut pris place, Lucilio joua un beau morceau d’ouverture, et le page Clindor parut sur la scène, en costume de berger de fantaisie. Il chanta des couplets rustiques assez jolis, vu qu’ils étaient de la façon de maître Jovelin ; puis il se mit à garder ses moutons, de véritables agneaux enrubanés et bien lavés, qui se comportèrent assez décemment sur la scène. Fleurial, le chien du berger, joua aussi très-convenablement son rôle.

La sourdeline fit entendre une musique somnolente et douce, au son de laquelle le berger s’endormit.

Alors un vénérable vieillard s’avança, cherchant avec angoisse jusque dans les poches du dormeur et dans la laine des moutons. Il avait une si plantureuse barbe, des cheveux et des sourcils blancs tellement touffus, qu’on ne le reconnut pas d’abord ; mais, quand il eut à déclamer quelques vers de sa façon pour exprimer le sujet de sa peine, on partit d’un joyeux rire en retrouvant l’accent gascon d’Adamas.

Ce vieillard éploré courait après le Destin, qui lui avait ravi son jeune maître, l’enfant adoré de son seigneur.

Le berger, éveillé en sursaut, lui demanda ce qu’il souhaitait. Il y eut entre eux un dialogue libre, où l’on répéta bien des fois la même chose, ce qui, selon Adamas, avait l’avantage de faire saisir aux spectateurs ce qu’il lui plaisait d’appeler le nœud de la pièce.

Le berger aida le vieillard dans ses recherches, et ils allaient attaquer un petit fort placé dans les branches, au fond du théâtre et censé dans le lointain, lequel fort