Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, non ! dit le marquis ; aucun de ces bons enfants n’eût fait pareille chose. J’ai vu celui qui a fait le coup, et le voilà !

En parlant ainsi, Bois-Doré, avec une dextérité, une vigueur et une promptitude dignes de ses meilleurs jours, coupait d’un coup de fouet la figure de Sanche, et, tandis que l’assassin portait les mains à ses yeux, il le prenait au collet, et, l’arrachant de sa selle, il le poussait à terre et fouaillait son cheval, qui s’emporta et disparut dans la direction de Briantes.

Au même instant, les quatre hommes du marquis, forçant la consigne qu’il leur avait donnée d’attendre ses ordres, arrivaient bride avalée, avec Adamas, que le bruit du coup de pistolet et celui du cheval en fuite avaient jeté dans l’inquiétude la plus vive.

— Ah ! vous voilà ! dit le marquis à ses gens. Eh bien, ramassez-moi ce cavalier démonté. Il m’appartient, vu que j’ai le droit d’épave sur cette route. Il est mon prisonnier. Liez-le ; il y a à se méfier de ses mains.




XXXI


Tandis que le colossal carrosseux Aristandre liait les mains de Sanche étourdi de sa chute, et le dépouillait de ses armes, d’Alvimar sortait enfin de la stupeur où cette scène rapide l’avait jeté.

Un instant il avait songé à abandonner son fatal complice à la colère de Bois-Doré ; mais en voyant traiter si rudement celui qui venait encore de se dévouer pour lui, un reste de pudeur et d’orgueil le força de réclamer.

— Messire, dit-il, je comprends que vous soyez irrité contre