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chiens blancs qu’elle lui fit poser doucement sur le gazon comme pour les faire promener, mais, en réalité, pour se tenir tournée vers les cavaliers et faire apprécier plus longtemps son habillement de belle sergette neuve et sa taille rondelette.

C’était une fille de trente-cinq ans, haute en couleur, et dont les cheveux tiraient sur le rouge, ce qui n’était pas désagréable à voir ; car elle en avait une quantité et les portait crépés sous son toquet, au grand déplaisir des dames du pays, qui lui reprochaient de vouloir outre-passer sa condition. Mais elle avait l’air méchant, même en faisant l’agréable.

— Pourquoi l’appelez-vous Bellinde ? demanda d’Alvimar à Guillaume. Est-ce un nom de ce pays ?

— Oh ! nullement ; son nom est Guillette Carcat ; mais M. de Bois-Doré l’a baptisée, suivant sa coutume : c’est une manie que je vous expliquerai tantôt. J’ai à vous raconter d’abord la suite de son histoire.

— C’est inutile, reprit d’Alvimar en arrêtant son cheval ; malgré votre bonne grâce et votre courtoisie, je vois bien que je vous suis un embarras considérable. Poussons jusqu’à ce château de Briantes, et vous m’y laisserez avec une lettre que vous écrirez à M. de Bois-Doré pour me recommander à lui. Puisqu’il doit revenir à la nuit, je l’attendrai en me reposant.

— Non pas, non pas ! s’écria Guillaume ; j’aimerais mieux renoncer aux réjouissances de Bourges, et je l’eusse déjà fait, n’était la parole que j’ai donnée à quelques amis de m’y trouver ce soir. Mais, certes, je ne vous quitterai pas sans vous avoir recommandé moi-même à un ami agréable et fidèle. La Motte-Seuilly n’est pas à une lieue d’ici, et il n’est pas besoin de fatiguer nos chevaux. Prenons le temps, j’arriverai à Bourges