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et condamné par le démenti que vous m’avez donné, à preuve que je le méprise !

— Gardez vos mépris pour ceux qui supportent l’outrage en silence. Si je l’eusse fait, vous ne me soupçonneriez pas ! J’ai repoussé l’injure. Je la repousse encore !

— Ah ! vous prétendez nier, à présent ?

— Non pas ! J’ai occis votre frère… ou tout autre. J’ignore le nom de l’homme que j’ai tué… ou laissé tuer ! Mais que savez-vous des raisons qui m’ont conduit à ce meurtre ? Que savez-vous si je n’exerçais pas une vengeance légitime ? Que savez-vous si cette femme… dont vous ignorer le nom, n’était pas ma sœur, et si, en vengeant l’honneur de ma famille, je ne reprenais point, comme son propre bien, l’or et les bijoux emportés par un séducteur ?

— Taisez-vous, monsieur ! n’insultez pas la mémoire de mon frère.

— Vous-même avez confessé qu’il n’était pas riche : où eût-il pris mille pistoles pour fuir ainsi avec une femme ?

Bois-Doré fut ébranlé. Son frère, à cause de la différence de leurs opinions, n’avait jamais voulu accepter de lui la moindre part d’une fortune qu’il considérait avec raison comme provenant de la dépouille de son propre parti.

Il fut obligé de se rabattre sur cette allégation que la femme de son frère avait eu le droit d’emporter ce qui était à elle. Mais d’Alvimar répondit que la famille avait aussi le droit de le considérer comme sien. Il repoussait donc avec énergie l’accusation de vol.

— Vous n’en êtes pas moins un traître, lui dit le marquis, pour avoir lâchement poignardé un gentilhomme au lieu de lui demander raison.

— Prenez-vous-en au déguisement de votre frère, répondit d’Alvimar