Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

D’Alvimar n’était pas encore entré dans cette petite pièce, une des plus luxueuses de la grand’maison, il donna un regard distrait et rapide aux babioles dont elle était encombrée, puis on s’assit, et la partie s’engagea.




XXVIII


Le marquis, fort calme et poli, semblait donner toute son attention à son jeu.

Debout derrière lui, Lucilio pouvait observer le moindre mouvement, la moindre expression de figure de l’Espagnol, placé en pleine lumière.

D’Alvimar jouait avec assez de promptitude et de résolution.

Bois-Doré, plus lent, faisait d’assez longues pauses, pendant lesquelles l’Espagnol, un peu impatienté, regardait les objets environnants. Ses yeux se portèrent naturellement à diverses reprises sur une étagère placée à sa gauche et tout près de lui, contre le mur. Peu à peu l’objet le plus en vue, parmi les bibelots dont ce petit meuble était couvert, attira et fixa son attention, et Lucilio remarqua chez lui un sourire d’ironie et de dépit chaque fois que son regard s’attachait sur cet objet.

C’était un couteau nu et brillant, posé sur un coussinet de velours noir à franges d’or, et protégé par une cloche de verre.

— Qu’est-ce ? lui dit enfin le marquis. Vous me semblez distrait ! Vous êtes en prise, messire, et je ne veux point avoir si bon marché de vous. Quelque chose vous nuit ou vous gêne. Sommes-nous trop près de ce meuble, et voulez-vous en éloigner la table ?