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corte, afin de pouvoir s’entretenir en liberté ; et voici comment le jeune d’Ars informa d’Alvimar :

— L’ami chez qui je vais vous caser, dit-il, est le plus singulier personnage de la chrétienté. Il faut vous attendre à renfoncer de bonnes envies de rire auprès de lui ; mais vous serez bien récompensé de la tolérance que vous aurez pour ses travers d’esprit par la grande bonté d’âme qu’il vous montrera en toute rencontre. C’est à ce point que vous pouvez oublier son nom et demander au premier passant venu, noble ou vilain, la demeure du bon monsieur ; on vous l’enseignera sans le confondre avec nul autre. Mais ceci demande explication, et, comme votre cheval n’a pas grande envie de courir et qu’il est tout au plus neuf heures, je vous veux régaler de l’histoire de votre hôte. Je commence, écoutez ! Histoire du bon monsieur de Bois-Doré !

» Comme vous êtes étranger et n’êtes venu en France que depuis une dizaine d’années, vous ne l’avez pu rencontrer, parce qu’il habite ses terres depuis le même temps environ. Autrement, vous eussiez bien remarqué, en quelque lieu que vous l’eussiez aperçu, le vieux, le bon, le brave, le fou, le noble marquis de Bois-Doré, aujourd’hui seigneur de Briantes, de Guinard, de Validé et autres lieux, voire abbé fiduciaire de Varennes, etc., etc.

» Malgré tous ces titres, Bois-Doré n’est pas de la haute noblesse du pays, et nous ne lui tenons que par alliance. C’est un simple gentilhomme que le feu roi Henri IV a fait marquis par amitié pure, et qui s’est enrichi, on ne sait pas trop comment, dans les guerres du Béarnais. Il faut croire qu’il y a eu un peu de pillerie dans son affaire, comme c’était la coutume du temps et comme c’est le droit de la guerre de partisans.

» Je ne vous conterai point ici les campagnes de Bois-