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XXIV


Adamas sortit et revint dire que Jovelin allait venir.

Il l’avait trouvé dans une conférence fort animée avec la Morisque : elle, parlant arabe ; lui, écrivant tout ce qu’elle disait, et lui, faisant beaucoup de gestes qu’elle avait l’air de comprendre.

— Il m’a fait signe qu’il ne pouvait s’interrompre, ajouta Adamas ; je crois bien, monsieur, qu’il lui fait avouer la vérité par douceur et persuasion ; ne le dérangeons pas. Il écrit vite, mais elle ne lit pas très-bien, même dans sa langue, et c’est merveilleux de voir comme, avec ses yeux et ses mains, il se fait entendre. Prenez patience, monsieur ; nous allons savoir quelque chose.

On attendit un quart d’heure qui sembla un siècle au marquis.

L’heure s’avançait ; on avait sonné le premier coup du souper. Il fallait peut-être se retrouver en face de Villareal sans avoir rien éclairci.

Bois-Doré était dans une vive agitation. Il se levait et se rasseyait, disant, à part lui, des mots sans suite qui intriguaient fort Adamas.

Mario, le croyant fâché contre lui, se tenait pensif et interdit dans un coin.

Fleurial, voyant l’anxiété de son maître, le regardait fixement, suivait tous ses pas et gémissait de temps en temps en remuant la queue, comme pour lui dire : « Mais qu’est-ce que vous avez donc ? »