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— C’est dans mon propre château, et non dans une ferme ou village, que je vous veux héberger et cacher, répondit Guillaume. Pourtant, je crains pour vous l’ennui de cette réclusion, et, en y réfléchissant, je trouve un meilleur expédient. Mangez et buvez ; après quoi, je vous conduirai moi-même chez un mien ami et parent qui ne demeure pas plus loin d’ici qu’une heure de chemin, et chez qui vous serez aussi sûrement et aussi agréablement qu’il est possible en notre pays du bas Berry. Dans quatre ou cinq jours, je viendrai vous y reprendre.

D’Alvimar eût préféré rester seul ; mais, comme Guillaume insistait, la politesse le força d’accepter. Il refusa de boire ou manger, et, remontant à cheval, il suivit Guillaume d’Ars, qui prit avec lui son monde tout équipé pour le voyage, cette course devant le détourner médiocrement de la route de Bourges.




II


Ils sortirent du château par la garenne, gagnèrent, par la traverse, le grand chemin de Bourges, qu’ils laissèrent tout aussitôt sur leur gauche, passèrent encore par les sentiers pour rejoindre le grand chemin de Château-Meillant, en laissant sur leur droite la ville baroniale de La Châtre, et enfin quittèrent ce dernier chemin pour descendre, à travers les champs, au château et village de Briantes, qui était le but de leur voyage.

Comme le pays était bien réellement paisible, les deux gentilshommes avaient pris l’avance sur leur petite es-