Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je me soumets à tout, répondit le marquis, et je vous jure, adorable Lauriane, la foi d’un gentilhomme et la fidélité d’un amant parfait.

— C’est sur quoi je compte, dit-elle en lui tendant la main ; je vous sais homme de cœur et berger incomparable. Sur ce, retournons auprès de mon père, et laissez-moi lui dire ce qui est convenu, afin que notre secret n’ait point d’autre confident que lui.

— Je le veux, répondit le marquis ; mais n’échangerons-nous point quoique gage ?

— Quel ? Parlez, j’y consens ; mais que ce ne soit point un anneau. Songez qu’étant veuve, je ne puis en porter d’autre que celui d’un nouveau mariage.

— Eh bien, permettez-moi de vous envoyer demain un présent digne de vous.

— Non pas ! ce serait mettre du monde dans la confidence… Donnez-moi la première babiole que vous aurez sur vous… Tenez, ce petit drageoir d’ivoire émaillé que vous avez là en la main !

— Soit ! mais que me donnerez-vous donc ? Car je vois que vous entendez comme il faut cet échange. Il faut que ce soit chose que l’on ait sur soi au moment où l’on s’est donné parole.

Lauriane chercha dans ses poches et n’y trouva que son mouchoir, ses gants, sa bourse et le poignard de M. Sciarra.

La bourse venait de sa mère : elle donna le poignard.

— Cachez-le bien, dit-elle, et, tant que je vous le laisserai, espérez en moi ; de même que, si je viens à vous le redemander…

— Je m’en percerai le sein ! s’écria le vieux Céladon.

— Non ! c’est une chose que vous ne ferez point, dit Lauriane avec un grand sérieux ; car j’en mourrais de