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calvinisme, il ne voyait pas grand embarras à l’embrasser pour la seconde fois.

Sa fatuité ne lui permit pas de s’arrêter beaucoup sur l’objection qu’on pourrait faire relativement à son âge. Adamas avait le don d’éloigner, chaque soir, par ses flatteries, ce souvenir désagréable.

Le bon Sylvain s’endormit donc, ce soir-là, plus ridicule que jamais ; mais quiconque eût pu lire dans son cœur le sentiment vraiment paternel qui le guidait, la grande tolérance philosophique dont il était doué « en prévision de cocuage, » et les projets de gâterie, de soumission et de dévouement qu’il formait pour sa jeune compagne, lui eût certainement pardonné, tout en se moquant de lui.

Lorsque Adamas passa dans sa chambre, il lui sembla entendre, dans l’escalier dérobé, un frôlement de robe.

Il s’élança aussi vite qu’il put dans ce passage, mais sans atteindre Bellinde, qui eut le temps de disparaître après avoir, comme il arrivait souvent, entendu toute la causerie des deux vieux garçons.

Adamas la savait bien capable de cet espionnage. Pourtant il crut s’être trompé, et barricada toutes les portes lorsqu’il n’y avait plus rien à surprendre que le ronflement sonore du marquis et les aboiements étouffés du petit Fleurial, couché sur le pied de son lit, et rêvant d’un certain chat noir qui était pour lui ce que Bellinde était pour Adamas.