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d’une dame, et lui-même, quand on le dépouilla pour l’ensevelir, fut trouvé en chemise fine et en chausses de soie sous ses habits grossiers. Il avait les mains blanches, et on trouva aussi sur lui un cachet où il y avait des armoiries.

— Montrez-moi ce cachet ! s’écria Bois-Doré fort ému.

La Morisque secoua la tête et dit :

— Je ne l’ai pas.

— Cette femme se méfie de nous, reprit le marquis s’adressant à Lucilio, et pourtant cette histoire m’intéresse plus qu’elle ne croit ! Qui sait si… ? Voyons, mon grand ami, tâchez, au moins, de lui faire dire à quelle époque précisément est arrivée l’aventure qu’elle nous raconte.

Lucilio fit signe au marquis d’interroger l’enfant, qui répondit sans hésiter :

— Je suis né une heure après la mort de mon père, une heure avant celle du bon roi de France, Henri le quatrième. Voilà ce que M. l’abbé Anjorrant, qui a pris soin de moi, m’a appris, en me recommandant de ne jamais l’oublier, et ce que ma mère Mercédès ne me défend pas de vous dire, à condition que l’Espagnol ne le saura pas.

— Pourquoi ? dit Adamas.

— Je ne sais, répondit Mario.

— Alors, prie ta mère de continuer son histoire, dit M. de Bois-Doré, et comptez que nous vous en garderons le secret, comme nous l’avons promis.

La Morisque reprit ainsi son récit :

— Le bon prêtre s’étant fait donner une chèvre pour nourrir l’enfant, nous emmena en me disant :

»

— Nous parlerons religion plus tard. Vous êtes malheureuse, et je vous dois la pitié.