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que c’était, il se trouva sur le pont avec d’Alvimar et Lucilio ; l’un, qui l’avait précédé, l’autre, qui le suivait machinalement.

Ils virent alors la Morisque au bord du fossé, étendant les bras avec angoisse vers son enfant, que le gros cheval emmenait dans l’eau, et prête à s’y jeter, du point assez escarpé où elle se trouvait.




XV


Voici ce qui était arrivé.

Le petit bohème, heureux et fier d’équiter à lui tout seul un si grand dada, avait gentiment persuadé au carrosseux de lui laisser tenir le bridon. Le bon Squilindre, se sentant livré à cette petite main, et, d’ailleurs, excité par les joyeux petits talons qui tabourinaient sur ses flancs, s’était aventure trop avant sur la droite, avait perdu le gué et passé sous le pont à la nage. Le carrosseux essayait d’aller à son secours ; mais Pimante, plus méfiant que son camarade, refusait de perdre pied ; et l’enfant, se tenant aux crins, était enchanté de cette circonstance.

Pourtant les cris de sa mère l’arrachèrent à son ivresse, et il lui cria : dans une langue qui ne fut comprise que de Lucilio :

— N’aie pas peur, mère, je me tiens bien.

Mais il était entré dans le courant de la petite rivière qui alimentait le fossé. Le lourd et flegmatique Squilindre en avait déjà assez, et ses naseaux, largement ouverts