SCÈNE III
JENNY. — Eh bien, madame, à quoi pensez-vous ? Vous êtes là comme une statue !
DIANE. — Ah ! c’est toi, Jenny ? Est-ce qu’il est parti, lui ?
JENNY. — Il vous a donc dit qu’il partait ?
DIANE. — Non ! Je voulais dire, est-ce qu’il s’est retiré ? Qu’est-ce que tu dis donc, qu’il part ?
JENNY. — Mais oui, il s’en va avec elle.
DIANE. — Avec qui ? avec cette fille ?
JENNY. — Céline, oui ! Elle l’attend pour partir.
DIANE. — Partir avec elle ?… Ah ! c’est pour l’emmener, sans doute pour lui faire quitter le pays et m’en débarrasser tout à fait ? C’est bien à lui cela ! Vois ! que de dévouement, que de prudence dans ce garçon-là !… Il va revenir tout de suite, demain, sans doute ?
JENNY. — Je ne le crois pas, madame.
DIANE. — Il s’absenterait ainsi, sans m’en prévenir ? C’est impossible. Je ne le veux pas. Cours après lui !
JENNY. — Mais vous ne pouvez pas l’en empêcher, madame.
DIANE. — Si fait ! il ne peut pas me quitter sans ma permission.
JENNY. — Mais s’il vous quitte tout à fait ?
DIANE. — Mon Dieu ! il te l’a dit ?
JENNY. — Non ; mais celle qui l’emmène espère le retenir.
DIANE. — Il ne faut pas souffrit cela. Qu’un homme comme lui soit le jouet, la proie d’une fille ? Je m’y oppose. Il ne doit pas quitter ma maison sans que j’aie pourvu à son remplacement. Il me doit au moins huit jours c’est l’usage ; et dans huit Jours il aura oublié cette Myrto, si tant est qu’il