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chue et stoïque m’avait vivement intéressé à elle, à son frère encore plus. Il y avait chez ces deux êtres, à défaut de charme et de candeur, une certaine grandeur d’idées et de sentiments qui s’imposait à mon respect. Jalousés pour leur fortune, critiqués pour leur excentricité, honnis pour la tache qui pesait sur eux, ils avaient besoin d’un ami. Le premier pas que je faisais dans la liberté de mon incognito me mettait donc en présence d’une tâche délicate. Je ne crus pas devoir m’y soustraire ; poussé par mon cœur et par ma conscience, je me laissai rouler sur la pente qui devait m’entraîner à un nouvel abîme de tourments et de douleurs.

Ce qui me décida entièrement, ce fut la découverte que je fis, dès le lendemain, d’un moyen facile et sûr de réaliser le rêve de mon hôte. Au point du jour, j’errais dans sa propriété, examinant tout avec un soin nouveau et m’acharnant à interroger tous les accidents du terrain. C’était, à vrai dire, une propriété aussi étrange que ceux qui l’exploitaient. Elle se composait de deux régions superposées bien distinctes. La partie située au flanc de la montagne était une zone de terres excellentes, soutenues de place en place par les contre-forts du rocher abrupt. De riches herbages, des vignes, des vergers et des céréales prospéraient dans cette région, au niveau et assez loin au-dessus du chalet ; mais au-dessous tout était désordre et ravage. Deux petits torrents qui se donnaient rendez-vous dans une gorge étroite et pro-