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plus rien, elle l’exige. Tout ce que je vous dis, elle l’entend ; tout ce que je vous laisse voir, elle le voit ; tout ce que je souffre, elle le sait. Elle me questionne, elle me devine, elle me fait raconter tous les détails de ma vie passée et présente. Elle s’y intéresse, elle me plaint ; me console, me gronde et me pardonne. C’est une amie angélique, elle croit me guérir, et je me laisse faire ; et je m’imagine qu’elle me guérit, et je sens qu’elle me calme. Elle ne s’inquiète pas trop de mes rechutes. Elle a une patience inouïe ! Eh bien, oui, elle m’est nécessaire et je ne pourrais plus me passer du baume qu’elle met sur mes blessures ; mais je crains que mon amour ne soit égoïste… odieux peut-être !… car, si on venait un matin frapper à ma porte en disant : « Bellamare est en bas avec Impéria, ils viennent te chercher pour jouer la comédie à Caudebec ou à Yvetot, » je sens que je descendrais comme un fou, que je sauterais en pleurant de joie dans leur carriole, et que je les suivrais au bout du monde… Comment voulez-vous qu’avec cette folie dans le cerveau je jure à une femme de cœur de ne vivre que pour elle ? Quels seraient son humiliation et son désespoir d’avoir