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la ville noire.

pour moi, et que j’avais bien raison de ne pas me presser de vous demander en mariage ; il me semble que vous auriez pu m’épargner la peine de venir ici pour en faire la démarche, et que, dès le premier jour où je vous ai parlé, vous étiez bien libre de me dire que je ne vous plairais jamais.

— Alors c’est moi qui ai tort, n’est-ce pas ? lui répondit Tonine d’un ton de reproche si doux que lui seul put en comprendre l’amertume. Eh bien ! je me justifierai comme je pourrai, ajouta-t-elle en s’adressant à Gaucher. Ne me prenez pas pour une fille qui tourne à la coquetterie, mon cousin, ce ne serait pas mon goût. La vérité est que votre ami Sept-Épées m’a fait entendre, il y a environ trois mois, qu’il avait quelque idée de se marier avec moi.

— Il a eu tort, dit Gaucher ; c’est à moi le premier qu’il eût dû en parler.

— C’est vrai, répondit Sept-Épées, j’ai eu tort ; j’ai eu la fierté de ne pas vouloir que Tonine se décidât sur les remontrances de ses parents. J’aurais souhaité la devoir à elle-même. C’est peut-être de l’orgueil, et vous savez que j’en ai…