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plus légitime appel, et réveillant la soif du martyre dans l’être engourdi qui disait et croyait n’avoir besoin et souci que du pain du corps. À l’esprit froid qui calcule les probabilités rationnelles des futurs événements humains, le miracle ne se présente jamais, et c’est pourtant le miracle qui résout toutes les questions en apparence insolubles, et déjoue toutes les opérations de la logique la mieux établie.

L’esprit vraiment éclairé devrait donc compter toujours sur le miracle et lui faire la part bonne dans l’avenir. Il nous semble qu’il y a un très-simple moyen d’éprouver la certitude de l’intervention divine sur laquelle on peut compter en effet : c’est de s’assurer que la cause qu’on lui livre est réellement digne d’elle. Quand cette cause est juste, Dieu parle, il consent à être béni comme Dieu des armées, il met dans le sein des hommes qu’il suscite une sainte fureur à laquelle rien ne peut résister et une abnégation digne de ces temps anciens que l’on est convenu de vanter et qu’à chaque instant le présent surpasse, même aux époques de lassitude, de scepticisme et de raillerie.

L’homme est ainsi fait, Dieu merci, et ce n’est