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Le rideau me cachait, et, comme monsieur ne répondait pas :

— Puisque ma soumission n’a pu désarmer vos injurieux soupçons, reprit-il, c’est à moi de vous céder la place. Je vais partir à l’instant même.

— Je vous le défends, répliqua le comte d’un ton sec. Ce serait affliger trop vivement madame de Montesparre. Il vous a convenu de feindre avec elle, vous êtes forcé de continuer le rôle de prétendant.

M. de Salcède allait répliquer. Il m’aperçut au-dessus de lui sur un marchepied et ne répliqua point.

On déjeuna, la voiture roula sur le sable du parterre. Madame de Montesparre paraissait désolée de perdre si tôt sa jeune amie ; il me sembla, à moi, qu’elle était contente d’être délivrée d’une rivale si redoutable. Quant à M. de Salcède, il fit bonne contenance, et madame Rolande, soit qu’elle fût une personne froide, soit qu’elle eût une grande force d’habileté, ne parut que surprise par l’événement et incapable de se révolter contre les circonstances.

À midi, nous roulions sur la route de Paris lorsque, au détour que faisait la route en face du chemin de Flamarande, une roue cassa à la descente, et la voiture versa. Heureusement personne ne fut blessé, et on put faire tenir la roue tant bien que mal pour sortir de là ; mais il fallait prendre un