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Flamarande était à Ménouville avec son fils, le précepteur et mademoiselle Hurst. Je passai l’été à Paris, souffrant, oisif et profondément dégoûté d’un service qui me créait une responsabilité sans travail et sans moyen de me rendre utile.

J’en écrivis à M. de Flamarande pour lui demander de me rendre ma liberté, que je ne pouvais reprendre moi-même après les services que j’avais reçus de lui. Il me répondit qu’il partait pour Ménouville et désirait m’y trouver, pour que j’eusse à lui expliquer les motifs de mon découragement. Je le revis donc en Normandie aux premiers jours de l’hiver. Il y venait pour remplacer son intendant, mort d’une fluxion de poitrine. Madame y était encore et l’attendait avec Roger, que je fus heureux de retrouver. La vue de cet enfant pouvait seule alléger le poids de ma tristesse.

J’avais résolu de ne jamais exposer la comtesse au courroux de son mari. Je me tins parole. Le comte ne sut pas ma course à Flamarande et ne m’adressa aucune question.

— Je vois, me dit-il, que vous voulez me quitter parce que l’ennui vous consume. Vous êtes une nature active et vous ne vous contentez pas d’une sinécure. Je vous offre un travail sérieux et une situation plus élevée. Remplacez ce pauvre Martin qui vient de mourir, soyez mon intendant. Je ferai avec vous le marché qui vous plaira, ou des ap-