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cile, et j’entendis marcher au-dessus de moi. Salcède s’était réveillé. Il pouvait me voir en dehors de la fenêtre. Je résolus d’attendre qu’il fût sorti, et je redescendis dans le caveau. J’y restai plus d’une heure, en proie à une émotion terrible. Enfin la fatigue l’emporta, et je m’endormis à mon tour si profondément que Salcède, s’il eût eu quelque soupçon, eût pu me reprendre son trésor plus facilement que je ne l’avais conquis ; mais il travaillait apparemment, il était tranquille, et je ne fus réveillé que par le bruit de la trappe qui s’ouvrait. Je m’étais blotti pour dormir de manière à n’être pas aperçu à moins d’une recherche volontaire. Je l’entendis descendre l’escalier de bois et ouvrir la porte du souterrain qu’il ne referma pas à clef. Il s’en alla sans lumière comme avait fait Ambroise.

Je laissai passer un quart d’heure. Je remontai chercher une bougie : déjà j’en avais usé plusieurs ; mais je savais que, dans un ménage de garçon sans service de femme, la consommation des objets de détail n’est guère surveillée ni remarquée. Muni d’allumettes nouvelles, je m’engageai dans le couloir secret, je suivis avec attention la ligne tracée à la craie, et je débouchai par une fente naturelle située dans les broussailles, de l’autre côté du ravin, à deux pas du sentier par où, en 1845, j’avais vu disparaître le faux meunier Simon. Là aussi il y avait à l’intérieur du tunnel une porte à serrure. M. de Salcède l’avait également laissée ouverte.