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l’obscurité et y marchai à tâtons, espérant surprendre le retour de M. de Salcède, qui me serait un indice pour trouver la sortie ; mais, ayant abouti à une impasse, je me disposais à rallumer ma bougie lorsqu’une soudaine terreur s’empara de moi en reconnaissant après mille recherches que je l’avais perdue. J’avais des allumettes chimiques. J’en allumai une qui me fit voir un endroit de la caverne que je ne reconnus pas pour l’avoir traversé un instant auparavant, mais qui me permit de sortir de l’impasse et de retrouver une voie praticable. Une seconde allumette me fit retrouver la ligne tracée à la craie sur le vrai chemin, mais sans qu’il me fût possible de savoir si je retournais vers le Refuge ou vers le lit du torrent. À la troisième allumette, l’humidité ayant pénétré dans l’étui, je ne pus me procurer un instant de clarté, si court qu’il fût, et je dus marcher dans les ténèbres. Je n’avais pris aucun aliment et aucun repos depuis plus de vingt-quatre heures. Je n’en souffrais pas sensiblement, mais mon cerveau fatigué perdait toute force de réaction, et mon imagination, assombrie par l’obscurité, commença à me tourmenter.

Je marchai sans me heurter à aucun obstacle et sentant la paroi du roc de distance en distance ; mais ce trajet que j’avais fourni si vite me parut d’une longueur effrayante, lorsque tout à coup je ne sentis plus rien autour de moi et fis quelques pas dans le vide. Je m’étais donc trompé,