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savoir s’il plaisait ou déplaisait à madame. Il avait été choisi par monsieur ; il n’y avait pas de conflit apparent au sujet de l’éducation de Roger.

L’enfant demeurait toujours auprès de sa mère. Il prenait ses leçons dans le salon particulier de madame, et l’abbé le promenait quand elle ne pouvait pas sortir. Il prenait ses repas avec elle. L’abbé logeait et mangeait dehors. À partir de six heures du soir, on ne le voyait plus. Il demeurait fort près de nous ; mais je savais qu’il ne rentrait à son logis que vers dix heures du soir.

Inquiet de la disparition de madame, car il y avait quatre jours déjà qu’elle ne bougeait pas, je me décidai à interroger l’enfant, un matin que je le trouvai galopant sur son cheval de bois dans la galerie. Il parut surpris de mes questions.

— Maman va bien, me dit-il, elle est au lit.

— Est-ce qu’elle mange un peu ?

— Certainement. Comment vivrait-elle, si elle ne mangeait pas ?

— Vous déjeunez toujours avec elle ?

— Non ; depuis… depuis je ne sais pas combien de jours, elle mange dans son lit, et moi avec Hélène dans le salon.

— Mais vous la voyez souvent, tous les jours ?

Roger me regarda, étonné et confus, comme si je le faisais ressouvenir de sa mère absente et déjà oubliée.

— Je vais l’embrasser, me dit-il.