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ministre de France au Brésil, et j’ignore s’il a reçu ma lettre. Puisque vous avez des relations indirectes avec lui, veuillez savoir et me faire savoir si cette lettre lui est arrivée. Pour clore ce chapitre, je vous dirai que je ne crois pas que dom Pedro prenne la peine de venir si loin voir une vieille bonne femme comme moi ; mais, dans le cas où, comme le calife Haroun-al-Raschid, il voudrait parcourir la France en simple particulier, il trouverait chez nous la cordiale et respectueuse hospitalité du paysan.

Parlons d’une autre illustration à laquelle je vous prie de présenter aussi mes respects et mes compliments dévoués, Renan. J’ai reçu son livre, je ne l’en ai pas remercié ; je ne l’ai pas lu encore, vous savez pourquoi : le travail d’une part, de l’autre les vacances de famille, qui ne me laissent pas, durant cette quinzaine, une heure de recueillement. Je vous charge donc de m’excuser et de lui dire que je ne veux pas le lire en courant et au milieu du vacarme des enfants grands et petits qui m’entourent. Je garde cela pour raccommoder mon cerveau fêlé par la récréation du jour de l’an.

Aussi comme j’ai peur pour le feuilleton que vous vous voulez avoir quand même ! Il sera peut-être insensé au premier chef : nous sommes toujours en danse, nous avons à faire les Rois et à fêter l’anniversaire de mon Aurore, le 10 janvier. L’Aurore (déjà nommée) comme continue à dire Balandard[1], est devenue toute rouge en recevant votre lettre, et pour la

  1. Nom d’une des marionnettes de Nohant.