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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCLXXXVII

À MAURICE SAND, À PARIS


Nohant, 24 février 1855.


Cher enfant,

Je commence par te dire que, puisque tu n’es pas enrhumé, tout va bien pour moi. Aie soin de ta petite personne comme j’ai soin de la mienne, puisqu’il ne s’agit pas de nous regarder comme de simples mortels, mais comme de très précieux voyageurs allant à la découverte de la Méditerranée.

Quant à Montigny, je vois bien qu’il veut refaire toutes mes pièces. Il y a pourtant une observation à faire, c’est que toutes les pièces qu’on ne m’a pas fait changer : le Champi, Claudie, Victorine, le Démon du foyer, le Pressoir, ont eu un vrai succès, tandis que les autres sont tombées ou ont eu un court succès. Je n’ai jamais vu que les idées des autres m’aient amené le public, tandis que mes hardiesses ont passé malgré tout.

Et quelles hardiesses ! Trop d’idéal, voilà mon grand vice devant les directeurs de théâtre.

J’écouterai sans discussion ce que me dira Montigny, j’écouterai ses projets d’amélioration, et, si je vois qu’il faille changer le fond de la pièce, je la