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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

berdin (qu’il faut écrire, je crois, bredin, parce que nous disons beurdin, comme peurnez, prenez, bourdouiller, bredouiller, deurser, dresser), sont des nuances d’ironie très fines, et je défie l’Académie tout entière de nous en donner l’équivalent. Il me faudra bien des phrases pour me faire connaître un caractère, que le simple adjectif de fafiot me fera voir à l’instant. Mais, monsieur, vous ne connaissez pas le vasivasat, en bonne orthographe vas-y vas-à, l’homme incertain, timide, un peu fafiot, mais plus indécis encore et dont la peinture est complète dans un mot. Je vous supplie de ne pas dédaigner ce mot-là, et de lui rendre un jour son droit de cité, comme disent nos prétentieux critiques modernes, à tout propos. Il est vrai que vous m’avez appris galope science que j’ignorais et que je trouve admirable, par le temps qui court. Mais comment avez-vous été induit en erreur au point de traduire diversieux par divertissant ? Diversieux signifie capricieux, mobile, changeant. C’est l’homme de Montaigne, ondoyant et divers. Les Berrichons qui prennent ce mot dans une autre acception font une faute énorme, et c’est à vous de les redresser.

Maintenant, monsieur, je compte écrire plus sérieusement, et sans aucune des critiques que je me permets ici, quelques lignes dans ma Revue indépendante, sur votre intéressant Vocabulaire et la spirituelle notice qui le précède. Comme vous avez modestement gardé l’anonyme en le publiant, je