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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

soir, les uns chez les autres, comme de bons voisins de province. Nous avons même inventé de ne faire qu’une marmite, et de manger tous ensemble, chez madame Marliani ; ce qui est plus économique et plus enjoué de beaucoup que le chacun chez soi. C’est une espèce de phalanstère qui nous divertit et où la liberté mutuelle est beaucoup plus garantie que dans celui des fouriéristes.

Voilà comme nous vivons cette année, et, si tu viens nous voir, tu nous trouveras, j’espère, très gentils.

Solange est en pension, et sort tous les samedis jusqu’au lundi matin. Maurice a repris l’atelier con furia, et moi, j’ai repris Consuelo, comme un chien qu’on fouette ; car j’avais tant flâné pour mon déménagement et mon installation, que je m’étais habituée délicieusement à ne rien faire. J’espère que je te donne sur nous tous les détails que tu peux désirer.

Quant à notre Revue, nous sommes en train de la reconstituer, et j’espère qu’après le numéro qui paraîtra ce mois-ci, nous nous mettrons à flot. Tu me dis de lui mettre l’éperon au ventre, cela ne dépend pas de moi. Dans ce bas monde, le zèle et le courage ne sont rien sans l’argent. Je n’en ai point, je n’en ai pas mis dans l’affaire, et Leroux et moi n’y sommes que pour notre travail. La mise de fonds s’épuisait avant que les bénéfices eussent pu être sensibles. Nous devions chercher à doubler notre capital pour continuer, nous avons fait mieux : nous l’avons triplé, et peut-être allons-nous le quadrupler. En même temps,