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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

autrichienne vaut un peu moins de dix-huit sous de France.

Si vous voulez y venir, comme j’y retournerai passer l’hiver prochain, je vous y piloterai. Le voyage vous coûtera mille francs, pour vous deux ; mais vous y vivrez pour mille écus par an. C’est probablement moins que vous ne dépensez à Paris dans une année, et, par-dessus le marché, vous connaîtriez Venise, la plus belle ville de l’univers. Si je n’avais pas mon fils cloué au collège Henri IV, certainement je prendrais ma fille avec moi et je viendrais me planter ici pour plusieurs années. J’y travaillerais comme j’ai coutume de faire et je retournerais en France, quand j’en aurais assez, avec un certain magot d’argent.

Mais je ne veux pas renoncer à voir mon fils chaque année, et tout ce que je gagne sera toujours mangé en voyages ou à Paris.

Adieu, mon vieux ; parle-moi de Maurice et de ta fille. Font-ils de bonnes parties ensemble, les jours de congé ?

J’embrasse Émilie, Léontine et toi, de tout mon cœur. Il y a longtemps que je n’ai eu de nouvelles de ma mère ; donne-lui des miennes et prie-la de m’écrire.