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faut vous corriger d’une maladie qui ne sied pas à une femme mariée, et que je ne tolérerai jamais chez celle qui porte mon nom. Je vous prie de rester dans la mesure de l’affection que nous nous devons l’un à l’autre, et de ne pas exiger des extases de poëte et des simagrées de théâtre. Soyez naturelle, restez enfant et insouciante, ça vous allait si bien ! Je vous avertis que je ne vous ai épousée que pour avoir une vie tranquille. J’ai eu beaucoup de maîtresses. J’ai inspiré de belles passions. J’en avais par-dessus les yeux. Tout cela est affectation, mensonge ou fumée du cerveau. Je désire être aimé tout de bon, sincèrement, avec confiance, et je vous dirai comme votre père, qui est spirituel et raisonnable : Tâchons d’avoir la paix ! C’est là tout l’idéal du mariage, voyez-vous ! Il n’y en a pas d’autre. Certains transports n’ont pour but que le devoir de perpétuer la famille : votre beauté rend ce devoir très-agréable. Mais les grimaces et les tirades, les reproches et les pleurs sont les fléaux de l’hyménée et les assassins du repos domestique : n’oubliez pas l’avertissement !

« Tout cela fut dit avec douceur, mais avec tant de précision, que je me le tins pour bien dit, et promis de ne point m’en affecter.

« Me voilà donc, à seize ans, amoureuse d’un mari qui me défend de le faire paraître, d’être émue et attendrie dans ses bras, de rêver de lui en son absence, de m’affliger de son air distrait, et de pleurer quand il me raille.