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l’impertinence. Il le prit avec lui sur un ton de persiflage et répondit à ses questions par des billevesées qui m’émerveillèrent ; mais il n’avait pas assez d’esprit pour déconcerter Frumence, qui lui répondit avec une certaine malice beaucoup mieux aiguisée. Marius, humilié, fondit en larmes, et, comme il n’était ni vindicatif ni réellement insolent, il avoua qu’il ne savait rien de ce qu’on lui demandait de savoir.

— Il n’y a peut-être pas de votre faute, reprit Frumence ; peut-être s’y est-on mal pris pour vous enseigner.

Et, quand il fut seul avec son oncle et ma grand’mère, Frumence leur déclara que Marius savait à peine lire, qu’il n’avait pas la plus petite notion des choses élémentaires, qu’il savait peut-être danser et jouer des contredanses sur le violon, comme il s’en vantait, mais qu’il ne savait pas plus de latin que de français, et que, si on le mettait au collége, il n’était bon qu’à entrer en huitième.

— Que Dieu me préserve, dit ma bonne maman, de mettre ce garçon de douze ans, qui a l’air d’en avoir quinze, avec les petits. Je vois que sa mère a reculé devant cette humiliation, je ne dois donc pas la lui infliger. Voyons, monsieur Frumence, j’ai eu et j’ai plus que jamais une idée. Il