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faisait pas une tache à sa chemise brodée, il était prévenant et faisait les honneurs de la table à ma grand’mère et à moi. Denise était stupéfaite d’admiration, et cette fois je n’étais point en désaccord avec Denise.




IX


Il est temps que je résume dans ma mémoire la petite dose de connaissances que j’avais pu acquérir à cette époque (1813). Ma grand’mère m’avait appris à peu près tout ce qu’elle savait, lire, écrire, coudre et compter. J’en savais même plus qu’elle, car elle n’était pas ferrée sur l’orthographe, et, comme j’avais la mémoire des yeux, à force de lire, j’avais appris d’instinct une certaine correction au-dessus de mon âge. J’aimais passionnément la lecture, et je savais par cœur le petit nombre d’histoires et de romans à ma portée qui formait la bibliothèque très-exiguë du manoir. On m’y laissait puiser sans contrôle ; il n’y avait là rien que de très-innocent, mais aussi il n’y avait rien de réellement instructif. Pourtant j’y avais acquis toute seule quelques notions d’histoire, de