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gouverne de son fils unique, alors âgé de douze ans, et voulût bien lui servir de tutrice. L’héritage qu’elle lui laissait consistait en une trentaine de mille francs placés chez un notaire de Grasse.

Ma grand’mère accepta cette nouvelle charge avec reconnaissance, et le jeune Marius de Valangis nous arriva un beau matin à Toulon par la diligence. Le domestique alla l’y chercher en carriole, tandis que nous préparions sa chambre et son souper.

Je me réjouissais fort de l’idée d’avoir un compagnon de mes jeux, ne fût-ce que pendant quelques semaines, et je courus au-devant de mon petit-cousin sur la route. Je fus un peu intimidée en le voyant descendre de voiture, venir à moi et me baiser la main avec la grâce et l’aplomb d’un homme de trente ans, puis passer mon bras sous le sien et me ramener chez nous en me demandant des nouvelles de sa grand’tante, dont il avait entendu parler comme de la meilleure des femmes, et qu’il était pressé de connaître et d’embrasser de tout son cœur.

Je ne sais s’il avait appris cela d’avance ; mais il le disait si bien, il était si grand pour son âge, il avait une si charmante figure, de si beaux cheveux blonds frisés, une tournure si élancée dans sa veste de velours noir, le cou si dégagé dans sa