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VI


Pendant mon absence, le curé, tout en faisant honneur à l’à-compte du déjeuner, avait entretenu ma grand’mère des nobles qualités et du rare mérite de son neveu adoptif. Il le lui avait dépeint comme un puits de science, un ange de candeur et de dévouement. J’ai su beaucoup plus tard qu’il n’avait rien exagéré. Ma bonne maman, qui était la charité et la sollicitude en personne, cherchait un moyen d’utiliser les loisirs de Frumence en améliorant le sort de l’oncle ; mais M. Costel la supplia de n’en rien faire.

— Ne parlez pas de nous séparer, lui dit-il ; nous sommes heureux comme nous sommes. La pauvreté m’a donné de l’inquiétude tant que j’ai cru qu’un jour viendrait où il me faudrait établir cet enfant, sous peine de le voir mal tourner. Eh bien, ce moment n’est pas venu. Frumence a déjà vingt ans, et il n’a jamais eu un moment d’ennui avec moi, par conséquent jamais une mauvaise pensée. Il est aussi sage qu’un philosophe et aussi pur qu’une source. Il a une excellente santé et il s’ac-