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tez-vous à genoux devant moi, et, les mains dans les miennes, jurez-moi de rendre ma fille heureuse !

Marius obéit d’un air très-recueilli et demanda la permission de m’offrir une bague en diamants qui lui venait de sa mère.

— Vous ne l’avez donc pas vendue, mon fils ? lui dit ma bonne maman attendrie, et pourtant vous avez eu un moment de gêne ! Eh bien, voilà une délicatesse qui me touche, et vous en êtes bien récompensé aujourd’hui en la voyant au doigt de Lucienne.

On servit le dîner, et j’y vis apparaître M. Costel et Frumence, les seuls confidents de nos fiançailles, Il avait été décidé avec eux que tout serait tenu secret jusqu’à l’arrivée du consentement de mon père, à qui l’abbé, devait écrire tout de suite au nom de ma bonne maman. Marius devait partir le soir même pour Toulon et ne plus revenir chez nous que l’autorisation paternelle ne fût donnée. Ainsi l’exigeaient les convenances de famille, et nous les acceptâmes sans objection.

Le dîner commença gravement. Ma grand’mère s’efforça de l’égayer autant que ses infirmités lui permettaient de se mêler à une conversation dont elle ne saisissait que quelques mots. La seule personne qu’elle entendît toujours, c’était Jennie, qui