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nous étions assis sur les rives du petit lac de la Salle verte, il nous vint des souvenirs d’enfance, et il y eut comme un léger attendrissement chez lui.

— Te rappelles-tu, me dit-il, qu’en ce lieu même, il y a six ans, tu m’as demandé si je croyais possible que nous eussions un jour de l’amour l’un pour l’autre ? Eh bien, nous avons beaucoup mieux, nous avons la vraie amitié, et nous pensons au mariage comme à la plus grande preuve d’estime que nous puissions nous donner.

— Es-tu décidé, Marius ?

— Je suis décidé et archidécidé à trouver bon le parti que tu prendras, que ce soit oui ou non.

J’essayai de comparer en moi-même la fermeté de Marius vis-à-vis de moi à celle de Frumence vis-à-vis de Jennie ; mais je sentis que ce n’était pas la même chose, et je ne voulus pas y songer trop. Je ne sais si je comprimai un dernier soupir d’adieu au rêve de l’amour, mais je pris une résolution énergique pour m’en délivrer.

— Demain, dis-je à Marius, je ferai savoir à ma grand’mère que j’ai résolu de l’épouser, si elle y consent.

— Mais si elle dit non ?

— Pourquoi dirait-elle non ?

— Supposons toujours.