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ne me verras jamais un genou en terre devant toi. Outre que ce serait fort bête, ce serait fort mal. Tu n’es plus un enfant ; tu sais qu’une jeune fille, si bien élevée qu’elle soit, sans avoir des sens comme Galathée, peut avoir des nerfs ; et moi, je sais qu’un homme bien né ne doit pas chercher à surprendre les nerfs ou les sens d’une jeune fille sans avoir sa confiance entière, librement accordée sous l’empire de la raison. Voilà où je ne suis pas un rustre et où tu pourras reconnaître que le savoir-vivre dont je me pique est la véritable vertu d’un garçon de mon âge.

Je fus très-satisfaite du langage de Marius. Quoique j’en pusse dire et penser, j’aimais le grand ; nous étions des enfants de l’Empire, et, toute légitimiste que l’on m’avait faite, les fumées de l’héroïsme flottaient encore dans mon cerveau. Je m’imaginai voir quelque chose de très-grand dans la froideur systématique de Marius, et le fantôme de Frumence m’apparut plus forcé que sincère. Marius était naïf dans sa philosophie ; son stoïcisme, c’était lui-même en chair et en os. Je pris le néant pour la puissance.

— Je suis contente de toi, lui répondis-je. C’est ainsi que je comprends l’estime réciproque que nous nous devons. Il te reste à me dire si, en supposant que j’eusse l’initiative nécessaire auprès