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premiers prix de couture, d’arithmétique et de bonne tenue. Elle était fort pieuse, ce qui est très-nécessaire à une femme, observait le docteur, lequel se dispensait de toute religion pour lui-même et allait bien plus loin que Frumence, car il raillait tous les cultes et les trouvait indignes de son sexe. Galathée, disait-il, serait une grande ressource pour moi. Elle me rendrait un peu femme. Le docteur craignait que mes goûts d’amazone, mon instruction virile et l’indépendance de mes idées ne fussent préjudiciables à mon bonheur, peut-être à ma réputation dans le monde. Avec cette sage et douce jeune fille à mes côtés, je deviendrais plus sédentaire ; sinon, on pourrait toujours dire que j’avais une amie raisonnable, et le choix de celle-ci serait généralement approuvé par les personnes bien pensantes du pays.

Ce dernier point était devenu vrai. À force de bassesses et d’hypocrisie, madame Capeforte s’était fait accepter par les connaissances de ma grand’mère, et toutes reprochèrent à celle-ci des préventions qu’elles avaient partagées. Sa résistance, soutenue par la mienne, durait depuis longtemps, lorsque madame Capeforte obtint, je ne sais comment, pour Marius un emploi dans les bureaux de la marine de l’État, avec traitement convenable, presque pas de travail, une sorte de sinécure, et la