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cédais à une curiosité ardente, je dirais presque coupable, si j’avais eu conscience de ce que je faisais.

— Il ne s’agit pas des Grecs et des Romains, lui répondis-je ; il s’agit de vous et de moi.

— De moi peut-être ; mais de vous ?

— De moi qui suis votre élève volontaire et qui ai le droit de vous adresser des questions. Vos idées font appel aux miennes. Qu’est-ce que vous entendez par… ?

— Oublions mes énigmes.

— Impossible ! je les sais par cœur.

— Tant pis ! reprit-il d’un air mécontent.

Mais il se rasséréna assez vite.

— Puisque j’ai commis la faute, je dois la réparer. Que me demandez-vous ?

— Ce que vous appelez le bien suprême.

— Je crois l’avoir écrit : le sentiment de la justice dans le cœur du juste.

— Fort bien ; mais il y a une personne dont vous avez dit aussi : « Elle est le bien suprême. »

— Oui. Elle s’associe dans mon âme à la notion du juste, du vrai et du bon.

— Et à la pensée de l’amour, de l’amitié et de l’hyménée, car ce sont vos expressions.

— Pourquoi le nierais-je ? Vous êtes d’âge à savoir que le but d’une inclination vraie, c’est l’as-