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lui marchait une petite femme brune dont la charmante figure me plut tout d’abord. Quoique mince et mignonne, elle avait je ne sais quel air de vigueur et d’activité. Ses traits étaient fins et nettement dessinés ; le hâle faisait ressortir la fraîcheur de son teint animé. Elle était habillée très-proprement, tout à neuf, en villageoise de notre pays. Son premier regard fut pour moi, et, comme elle ne savait trop comment m’aborder, entraînée par un irrésistible attrait, je l’embrassai de toute ma force. Alors elle fondit en larmes, couvrit mes mains de baisers, et me dit avec un petit accent étranger qui n’était pas d’accord avec son costume, et qui pourtant ne me sembla pas absolument nouveau :

— Je pensais bien que je vous aimerais ; mais voilà déjà que je vous aime, et c’est pour toute la vie, si vous voulez.

Je la suivis chez ma bonne maman, qui la reçut avec affabilité et la pria de s’asseoir pour causer avec elle des arrangements à prendre. Comme je me retirais, je ne sais quelle curiosité me fit ralentir le pas, et, en me retournant, je vis par la porte entr’ouverte du salon que ma grand’mère jetait ses bras autour des épaules de cette petite femme, et la pressait sur sa poitrine en l’appelant sa chère enfant et en lui baisant le front avec effusion. Je pensai que Frumence devait avoir appris à ma