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problème d’archéologie. Ce sentiment placide et ferme se lisait dans ses yeux brillants et froids. Je vis dans ceux de Césarine quelque chose d’audacieux comme un défi, et ce regard m’effraya. Dès que Paul l’eut saluée, je le tirai par le bras et l’éloignai d’elle. J’eus comme un rapide pressentiment des suites fatales que pourrait avoir mon imprudence ; je fus sur le point de lui dire :

— C’est assez, va-t’en maintenant.

Mais dans la foule qui se pressait autour de la souveraine, je fus vite séparée de Paul, et, comme j’étais la maîtresse agissante de la maison, chargée de toutes les personnes insignifiantes dont mademoiselle Dietrich ne daignait pas s’occuper, je perdis de vue mon neveu pendant une heure. Tout à coup, comme je traversais, pour aller donner des ordres, une petite galerie si remplie de fleurs et d’arbustes qu’on en avait fait une allée touffue et presque sombre, je vis Césarine et Paul seuls dans ce coin de solitude, assis et comme cachés sous une faïence monumentale d’où s’échappaient et rayonnaient les branches fleuries d’un mimosa splendide. Il y avait là un sofa circulaire. Césarine s’éventait comme une personne que la chaleur avait forcée de chercher un refuge contre la foule. Paul faisait la figure d’un homme qui a été ressaisi par hasard au moment de s’évader.

— Ah ! tu arrives au bon moment, s’écria Césarine en me voyant approcher. Nous parlions de toi, assieds-toi là ; autrement tous mes jaloux vont accourir et me faire un mauvais parti en me trouvant tête à tête