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sot, une dupe vaniteuse, un libertin corrompu, un traître, je ne croyais pas mériter ces suppositions ; mais au moins ne suppose pas qu’en te voyant désirer la mort j’accepte le honteux bonheur que tu veux me laisser goûter… Allons, allons, lui dit-il encore en voyant renaître le sourire sur ses lèvres décolorées, relève-toi de la maladie et de la mort, ma pauvre femme, ma seule, ma vraie femme ! Ris avec moi de celles qui, prétendant n’être à personne, tomberont peut-être dans l’abjection d’être à tous. Ces êtres forcés sont des fantômes. La grandeur à laquelle ils prétendent n’est que poussière : ils s’écroulent devant le regard d’un homme sensé. Que la belle marquise devienne ce qu’elle pourra, je ne me soucierai plus de redresser son jugement ; j’abdique même le rôle d’ami désintéressé qu’elle m’avait imposé ; je ne lui répondrai pas, je ne la reverrai pas, je t’en donne ici ma parole, aussi sérieuse, aussi loyale que si, pour la seconde fois, je contractais avec toi le lien du mariage, et ce que je te jure aussi, c’est que je suis heureux et fier de prendre cet engagement-là.

Huit jours plus tard, Marguerite, docile à la médication et rassurée pour toujours, était hors de danger. On faisait des projets de voyage auxquels je m’associais, car mon cœur n’était plus avec Césarine : il était avec Paul et Marguerite. Je ne fis aucun reproche à Césarine de sa conduite et ne lui annonçai pas ma résolution de la quitter. Il eût fallu en venir à des explications trop vives, et après l’avoir tant aimée, je ne m’en sentais pas le courage. Elle continuait