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avait une intensité effrayante. Nous restions consternés au tour du lit du pauvre petit, quand Césarine entra vers dix heures du soir, encore vêtue comme elle l’était dans son salon, belle et apportant l’espoir dans son sourire. Elle s’installa près de nous, puis elle exigea que Marguerite et Paul nous laissassent toutes deux veiller le malade. La chambre était trop petite pour qu’il fût prudent d’encombrer l’atmosphère. Elle se déshabilla, passa une robe de chambre qu’elle avait apportée dans un foulard, s’établit auprès du lit, et resta là toute la nuit, tout le lendemain, toutes les nuits et les jours qui suivirent, jusqu’à ce que l’enfant fût hors de danger. Elle fut vraiment admirable, et Paul dut, comme les autres, accepter aveuglément son autorité. Elle avait coutume de soigner les malades à Mireval, et elle y portait un rare courage moral et physique. Les paysans la croyaient magicienne, car elle opérait le miracle de ranimer la volonté et de rendre l’espérance. Ce miracle, elle le fit sur nous tous autour du pauvre enfant. Elle était entrée dans cette petite maison abîmée de douleur et d’effroi, comme un rayon de soleil au milieu de la nuit. Elle nous avait rendu la présence d’esprit, le sens de l’à-propos, la confiance de conjurer le mal, toutes conditions essentielles pour le succès des meilleures médications ; elle nous quitta, nous laissant dans la joie et bénissant son intervention providentielle.

Je dus rester quelques jours encore pour soigner Marguerite, que le chagrin et l’inquiétude avaient rendue malade aussi. Césarine revint pour elle, ranima