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père s’expose pour que la mère soit vengée et respectée. Je vous bénis tous deux. »

Il pensa aussi à la Féron et lui légua ce qu’il put. Il s’habilla, mit sur lui ces deux lettres et sortit avec le jour sans éveiller personne. Il alla prendre pour témoins son ami, le fils du libraire, et un autre jeune homme d’un esprit sérieux. À sept heures du matin, il faisait réveiller M. de Rivonnière et l’attendait dans son fumoir.

Il n’avait pas laissé soupçonner à ses deux compagnons qu’il s’agissait d’un duel immédiat. Il avait une explication à demander, il voulait qu’elle fût entendue et répétée au besoin par des personnes sûres.

Il s’était nommé en demandant audience. Le marquis se hâta de s’habiller et se présenta, presque joyeux de tenir enfin sa vengeance et de pouvoir dire à Césarine qu’il avait été provoqué. Il alla même au-devant de l’explication en disant à Paul :

— Vous venez ici avec vos témoins, monsieur, ce n’est pas l’usage ; mais vous ne connaissez pas les règles, et cela m’est tout à fait indifférent. Je sais pourquoi vous venez ; il n’est pas nécessaire d’initier à nos affaires les personnes que je vois ici. Vous croyez avoir à vous plaindre de moi. Je ne compte pas me justifier. Mon jour et mon heure seront les vôtres.

— Pardonnez-moi, monsieur, répondit Paul ; je ne compte pas procéder selon les règles, et il faut que vous acceptiez ma manière. Je veux que mes amis sachent pourquoi j’expose ma vie ou la vôtre. Je ne suis pas dans une position à m’entourer de mystère.