V
Théodore nous parla beaucoup d’un livre qu’il venait de lire et que j’avais lu aussi. Ce n’était pas un ouvrage à bien entendre à la veillée ; mais le sujet fournissait naturellement à la conversation, car il intéresse tout le monde, et même il n’est personne qui ne se croie plus ou moins fondé à émettre son opinion en pareille matière. Cette matière est l’esthétique ou la philosophie du beau. Le livre en question est de M. Adolphe Pictet, et porte pour titre : Du beau dans la nature, l’art et la poésie ; études esthétiques.
Avant de faire parler Théodore, il doit m’être permis de dire mon opinion personnelle. L’ouvrage est, selon moi, excellent. C’est un vrai livre, qui doit faire fonds, sinon règle, et qui restera comme un important travail à méditer. Il n’est pas de ceux qui, dans notre temps et dans notre pays, sont enlevés de la boutique du libraire en vingt-quatre heures ; mais il est bien certainement de ceux que les esprits d’élite rechercheront toujours comme un des plus précieux documents des notions de notre époque sur la philosophie de l’art. Nous dirons