il courait de l’écrivain au dessinateur pour que l’un sût ou voulût élever son imagination au niveau de celle de l’autre. C’est ainsi qu’il a su marier le génie de Balzac à celui de Meissonnier et de Granville, celui d’Alfred de Musset à celui de Tony Johannot, et ainsi de beaucoup d’autres. Tantôt il faisait paraître une magnifique création déjà classique comme Werther ou le Vicaire de Wakefield, tantôt il réunissait les adorables études satiriques de Gavarni et les lançait dans le monde revêtues de tout l’attrait et de toute la fraîcheur d’un cadre digne d’elles. Enfin, il était essentiellement fécondant pour des puissances isolées ou fatiguées qu’il savait grouper ou renouveler, suggérant à Tune une idée pour sa forme, à l’autre une forme pour son idée, se chargeant de trouver le traducteur pour chacune , et se faisant traducteur lui-même au besoin, faute de mieux, disait-il modestement.
Ce faute de mieux nous a valu un charmant recueil de poésies en prose qui méritaient de ne pas rester à l’état de fragments épars, et qui ont été réunies dernièrement en un volume sous le véritable nom de l’auteur. Ces pages remarquables ne sauraient être analysées ; elles sont trop concises et trop nerveuses dans leur allure pour ne pas perdre même à être fragmentées. Elles sont d’une légèreté diaphane au premier abord , mais elles vous saisissent bientôt par une certaine profondeur de sen-