et tout deviné : comment eût-il pu être immoral ? L’impartialité est éminemment sainte pour les bons esprits, et les gens qu’elle peut corrompre n’existent pas. Ils étaient tout corrompus d’avance, et si corrompus, qu’elle n’a pu les guérir.
On lui a reproché d’être sans principes, parce qu’en somme il a été, selon moi, sans convictions absolues sur les questions de fait dans la religion, dans l’art, dans la politique, dans l’amour même ; mais nulle part, dans ses livres, je ne vois le mal réhabilité ou le bien méconnu pour le lecteur. Si la vertu succombe, et si le vice triomphe, la pensée du livre n’est pas douteuse : c’est la société qui est condamnée. Quant à ses opinions relatives aux temps qu’il a traversés, celles qu’il affectait sont radicalement détruites et balayées, à chaque ligne, par la puissance de son propre souffle. Il est bien heureux qu’elles n’aient pas tenu davantage, et que sans y songer il ait montré partout l’esprit montant d’en bas et dévorant le vieux monde jusqu’au faite, par la science, par le courage, par l’amour, par le talent, par la volonté, par toutes les flammes qui sortaient de Balzac lui-même.
Il serait fort puéril de le donner pour un écrivain sans défaut. Il eût été, en ce cas, le premier que la nature eût produit, et le dernier probablement de son espèce. Il a donc, et il le savait mieux que tous ceux qui l’ont dit, des défauts essentiels : un style