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577—582
Sse-pe-tsaï, Thsien-hia-sse
Au bout de quatre cents ans, l’empire des Hia changea de maître.
四百載,遷夏社

Littéralement : On transporta ailleurs l’autel de l’Esprit de la terre[1]. Toutes les fois qu’un royaume était renversé, cet autel était transporté dans la capitale du roi vainqueur. La translation de cet autel annonçait un changement de règne ou de dynastie.

Plus haut, il a été parlé en général des trois Wang (rois) ; ici, il est question du commencement et de la fin (de la durée) de chaque dynastie. Les trois Hoang (Fo-hi, Chin-nong, Hoang-ti) et les cinq Ti regardèrent l’empire comme une chose publique ; ils le transmirent a des sages et leur donnèrent le trône ; on a dit d’eux qu’ils rendirent la souveraineté accessible à tous[2]. Ce sont les princes des Hia qui ont commencé à regarder l’empire comme un bien de famille (qu’ils ne devaient transmettre qu’à leurs héritiers légitimes).

Le roi Yu, de la dynastie des Hia, avait pour nom de famille Sse et pour nom propre Wen-ming ; il descendait de Tchouen-hio. Il régla le cours des eaux débordées. Ses vertus saintes, ses travaux admirables s’étendirent au loin et occupèrent longtemps l’attention du peuple. Il eut un fils nommé Ki, qui était doué de prudence et put

  1. Ceci est en opposition avec le passage suivant que vous cite le dictionnaire P’in-tseu-thsien : Quand un royaume était détruit, on transportait l’autel de l’Esprit de la terre. Cela est conforme aux rites. Tch’ing-thang le conserva pour servir d’exemple à ses descendants. C’est pourquoi, lorsque Thang eut vaincu le prince de Hia (Tcheou-sin), on voulut transporter l’autel de l’Esprit de la terre que possédait cette dynastie, mais il n’y consentit pas. On lit dans le Tch’un-thsieou : Dans la ville de Po, l’autel de l’Esprit de la terre fut brûlé par le feu du ciel. Cela vient de ce que Thang ne transporta point l’autel de l’Esprit de la terre.
  2. Il y a en chinois kouan (vulgo, magistrat). Mais, ici, ce mot a le sens de public, général, comme lorsqu’on dit kouan-koa, non la langue mandarine, mais la langue commune, générale. Il faut seulement remarquer que dans cet endroit, kouan est employé verbalement (rendre commun, général).