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arrestations illégales où illusoires sont de bien fréquente occurrence. Mais, comment peut-il être autrement ? La police ne reçoit qu’une très faible solde, mais on lui donne une part de l’argent provenant des arrestations ; on peut dès lors apprécier l’intérêt qu’elle a à faire des arrestations. Peu lui importe qu’elles soient légales, pourvu qu’elle en fasse ? Une personne est accusée ; on commence d’abord par la mettre en prison ; elle est reconnue innocente, n’importe, on lui fait payer les frais de prison, ou d’arrestation — dix francs. Tout indigène, doit rentrer chez lui à huit heures du soir, sinon, on le met en prison, et le lendemain on lui fait payer une amende de dix francs. Cependant, il est permis aux Européens de circuler toute la nuit. Dans ce règlement, comme dans beaucoup d’autres, les gens de mauvaise vie sont plus favorisés que ceux qui se conduisent bien. Par exemple, une femme indigène qui jouit de la protection d’un étranger, peut se promener toute la nuit, accompagnée de son protecteur ; tandis que deux indigènes, homme et femme, d’une bonne conduite, seraient arrêtés et auraient une amende à payer. C’est une singulière manière de protéger un peuple,