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Mon intention étant seulement de faire connaître à Votre Majesté Impériale les abus des affaires indigènes, je n’avais par l’intention de parler de celles qui concernent les Européens ; mais attendu que la question que je viens de traiter se trouve liée avec ces affaires là, j’ai du en faire mention. Ayant déjà parlé de la propriété, je viens tout naturellement à celle de la justice, cette base de toute société, cette puissante préservatrice quand elle est bien rendue, ce terrible fléau quand elle ne l’est que d’une manière équivoque où arbitraire ; la base manquant alors la société ne saura être ni prospère ni durable.

J’ai déjà parlé de cette justice concernant la propriété, vient ensuite celle de la personne, et ici pour un moment je m’arrête ; j’ai besoin de me recueillir, d’affermir mon courage, avant de mentionner des faits qui seront, j’en suis sur, aussi douloureux au cœur compatissant de Votre Majesté d’écouter, qu’ils sont au mien de les lui apprendre. Ces faits je les écrirai dans leur terrible simplicité ; ils n’ont besoin ni de commentaires ni de développement. Je dirai même qu’ils doivent paraître si monstrueux, ils choquent tellement tout âme sensible, il semble si impossible que de