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épître aux femmes.

Rougit d’être égalé par celle qu’il protege ;
Pour ne trouver en nous qu’un être admirateur,
Sa voix dès le berceau nous condamne à l’erreur ;
Moins fort de ce qu’il sait que de notre ignorance,
Il croit qu’il s’agrandit de notre insuffisance,
Et, sous les vains dehors d’un respect affecté,
Il ne vénere en nous que notre nullité.
C’en est trop ; secouons des chaînes si pesantes ;
Livrons-nous aux transports de nos âmes brûlantes ;
Livrons-nous aux beaux-arts. Eh ! qui pourrait ravir
Le droit de les connoître à qui peut les sentir ?

    Écoutons cependant ce que nous dit le sage :
« Femmes, est-ce bien vous qui parlez d’esclavage ?
Vous, dont le seul regard peut nous subjuguer tous,
Vous, qui nous enchaînez tremblants à vos genoux !
Vos attraits, vos pleurs fins, vos perfides caresses,
Ne suffisent-ils pas vous rendre maîtresses ?
Eh ! Qu’avez-vous besoin de moyens superflus ?
Vous nous tyrannisez ; que vous faut-il de plus ? »
Ce qu’il nous faut de plus ? Un pouvoir légitime.
La ruse est le recours d’un être qu’on opprime.
Cessez de nous forcer à ces indignes soins ;
Laissez-nous plus de droits, et vous en perdrez moins.
Oui, sans doute, à nos pieds notre fierté vous brave,
Un tyran qu’on soumet doit devenir esclave.
Mais ce cruel moyen de nous venger, hélas !
Nous coûte bien des pleurs que vous ne voyez pas.