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épître aux femmes.

Mais l’homme, tourmenté par tant de passions,
Accablé sous le poids de ses dissensions,
Malgré lui, malgré nous, à chaque instant oublie
Qu’il doit plus que son cœur à qui lui doit la vie,
Et que d’un vain sermon les stériles éclats
Des devoirs paternels ne l’acquitteront pas.

    Insensés ! Vous voulez une femme ignorante,
Eh bien ! soit ; confondez l’épouse et la servante :
Voyez-la, mesurant les leçons sur ses goûts,
Élever ses enfants pour elle, et non pour vous ;
Voyez-les, dans un monde à les juger habile,
De leur mere porter la tache indélébile ;
Au sage, à l’étranger, à vos meilleurs amis,
Rougissez de montrer votre femme et vos fils ;
Dans les épanchements d’un cœur sensible et tendre,
Que personne chez vous ne puisse vous comprendre ;
Traînez ailleurs vos jours et votre obscurité ;
On ne vous plaindra pas, vous l’aurez mérité.

    Regardons maintenant celui dont l’ame grande
Cherche dans sa compagne un être qui l’entende ;
Regardons-les tous deux ajouter tour à tour
Les charmes des talents au charme de l’amour.
Qu’un tel homme est heureux au sein de sa famille !
Il veut croître aux beaux arts et son fils et sa fille ;
Écoutant la nature avant de la juger,
Il cherche à l’ennoblir, et non à l’outrager ;